De Mike Brant, on ne retient aujourd’hui que ses aspects farcesques : ses tubes guimauves, son incompréhension total du français, langue pourtant de ses plus grands succès, sa coupe de cheveux… Kitsch, mais jouissant aussi d’une aura morbide, le chanteur israëlien partit en 1975, à l’âge de 28 ans et à l’instar de Jimi, Janis, Brian et consorts, tous foudroyées au sommet de leur gloire.
Né à Chypre d’une mère rescapée des camps de la mort et d’un père résistant polonais, Moshé Brand grandit en Israël, pays où il vivra jusqu’à ses 22 ans. Ne parlant qu’à l’âge de 4 ans, le jeune garçon a néanmoins les idées claires, déclarant très tôt à ses proches : « plus tard, je serai vedette… ou clochard ! » Débutant sa carrière comme chanteur de son groupe les Chocolate’s, interprétant des grands tubes américains dans des hôtels de Haïfa. Embauché par la suite au Baccara, night-club de Téhéran, c’est là qu’il est repéré par Sylvie Vartan et Carlos, qui le convainquent de venir tenter sa chance en France.
A Paris en 1969, il rencontre quelques mois seulement après son arrivée d’Iran le succès à travers tout l’Hexagone grâce à « Laisse-moi t’aimer ». L’anecdote est célèbre ; ne parlant pas un mot de français, le jeune chanteur interprètera phonétiquement tous ses tubes, qui par ailleurs s’enchaînent à une vitesse renversante : « Qui saura ? », « C’est ma prière » et autre « C’est comme ça que je t’aime » sont autant de hits qui feront de Mike Brant (qui aura changé de nom pour sonner plus « international ») une vedette de la variété française. Jeune homme fragile, exilé dans un pays dont il ne maîtrise pas la langue, Mike Brant sombre ainsi, parallèlement à son ascension vers la gloire, dans l’enfer des paradis artificiels.